Le Kezako du Kiosque : Le dropshipping

Simplifier à l’extrême les transactions entre les vendeurs et les acheteurs, sur le papier, semblerait presque vertueux. Serait-ce enfin l’heure du circuit court ? Bien entendu que non, c’est même plutôt le phénomène inverse auquel on assiste avec ce principe de “livraison directe”. Mais du coup, le dropshipping, au fond, kezako ?

Commençons par le commencement : non, le dropshipping n’a rien d’illégal ; loin de là puisque vous pouvez retrouver sur le site economie.gouv sa définition et ses avantages. Très décriée à la télévision par les chantres de la bienveillance et de la morale toute relative, cette méthode de vente n’a rien de spécialement diabolique, du moins à la base. Il s’agit avant tout de permettre à un vendeur de lancer son activité sans avoir à investir dans du stock. En effet, il passe par un fournisseur qui, lui, s’occupe de son côté de la création, du stockage et de l’acheminement. En d’autres termes, le vendeur est une vitrine par laquelle le consommateur transite pour faire ses achats. Vous voyez, sur le papier, rien de bien méchant, vous y avez souvent recours sur Internet, même sur les grosses plateformes commerciales (souvent le nom de l’expéditeur diffère de l’enseigne). Cette activité est évidemment réglementée et le vendeur reste responsable tout au long du processus, jusqu’à la remise du bien commandé. Résultat, le vendeur réduit drastiquement ses frais de fonctionnement.

Voyage en eaux troubles

Le souci d’un mode de vente aussi permissif est l’opacité quasi totale quant aux fournisseurs par lesquels passent les enseignes de e-commerce. Bien qu’elles aient l’obligation d’être transparentes sur ces questions d’origine, nous sommes peu nombreux à nous renseigner. Le vrai risque du dropshipping (et c’est pour cette raison qu’il est tant décrié dans les médias), c’est de se faire arnaquer comme un lapin de six semaines. Vous connaissez probablement les sites de hard discount (vraiment tous ces anglicismes… maxidiscompte si vous préférez), comme AliExpress, Wish, Shein pour ne citer que les plus célèbres qui ne fonctionnent qu’ainsi. Vous êtes ferrés par des offres alléchantes sur des produits bas de gamme, souvent fabriqués en Chine, et qui mettent des semaines à vous parvenir puisqu’ils transitent par de gigantesques porte-conteneurs. Quelque part, on en a pour son argent, c’est pas cher donc c’est un peu nul, c’est bien pour de la sous-marque ou des gadgets. Je ne reviendrai pas sur le désastre écologique de ce genre de livraison (les tankers ça pollue beaucoup quand même, surtout pour recevoir des bidules en plastique), ce n’est pas le sujet de cet article. Comme évoqué, le principal problème est qu’on ne sait pas vraiment à qui on achète les objets et que, sans fournir un petit travail d’investigation sur les différentes plateformes de vente, on n’a guère conscience de leur valeur réelle. Vous n’aimeriez pas commander une coque de téléphone pour votre dernier Iphone, 6 fois plus cher que ce qu’elle vaut vraiment sur certains sites d’e-commerce, n’est-ce pas ? C’est pourtant l’arnaque la plus courante à laquelle on peut être confronté lorsque l’on a affaire avec le dropshipping. Car cette méthode s’est trouvée une armée de porte-étendards : nos amis les influenceurs des réseaux sociaux.

Mauvaises influences

Je le répète une dernière fois, le dropshipping s’il est fait dans les règles de l’art dictées par la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), ne représente aucun danger. Malheureusement, certaines personnes ou entités ont flairé le bon filon. Sans entrer dans le détail du monde des influenceurs (j’y reviendrai sans doute dans le futur), il faut savoir que ces derniers perçoivent leurs rémunérations par la publicité et la sponsorisation. Plus ils ont d’audience, et plus les annonceurs voient en eux des vitrines via lesquelles ils pourront vendre leurs produits. Nos chers hommes et femmes-sandwichs s’adonnent à de la réclame et, bien trop souvent, cherchent à vous convaincre d’acheter certaines gammes de produits (rarement des marques bien identifiées) à grands coups de codes promotionnels. Le hic ? Plusieurs sommités de ce monde pailleté ont été récemment accrochées par la justice (on peut citer notamment Magali Berdah, agent de starlettes de téléréalités). Pourquoi ? Parce que ces personnes pousseraient leurs jeunes audiences à l’achat de produits de mauvaise qualité (voire même dangereux pour certains cosmétiques frelatés) à des prix gonflés comme c’est pas permis. Ne négligeons pas le pouvoir néfaste que peuvent avoir les icônes des réseaux sociaux, le besoin d’acceptation passe aussi par l’envie de ressembler à ceux que l’on vénère. Hérité d’une volonté de ne plus vouloir s’embarrasser de la logistique, le dropshipping consiste donc à différencier le vendeur du fournisseur. Mais sans un contrôle avisé de la part du consommateur, on a vite fait d’être dupé.

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