L’Edito du Kiosque : L’O.N.U, colosse aux pieds d’argile

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie est révélateur des apories de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.). Le fossé se creuse entre les valeurs portées par les membres influents de l’institution. Le droit de veto s’exerce au détriment de l’intérêt général tandis que la diplomatie préventive s’éclipse sous le poids grandissant des puissances armées.
Capitan Babbeo e Cucuba (scena di commedia dell'arte). Milano, Museo teatrale della Scala DR

Faut pas rêver, de bals en ambassades il n’y a plus guère par les temps qui courent. Dans les chancelleries de ceux – pas tous imbéciles et grabataires comme le chantait Renaud – qui se partagent l’univers, les pince-fesses populistes vont éclipser les bienséantes sauteries des diplomates ampoulés. Le rejet du multiculturalisme et de l’universalisme est une tendance haussière à la bourse de valeurs piétinées par l’érosion planétaire des démocraties. Le monde est en crise, chancelle sous le joug d’autocrates ou de gourous démagogues remettant en cause l’équilibre fragile de la coexistence pacifique. Pour « maintenir la paix et la sécurité internationales (…) prévenir et écarter les menaces à la paix et réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix », l’ONU succéda à la Société Des Nations (SDN) en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Les vainqueurs désignés, la Chine, Les Etats-Unis, la Russie, l’Angleterre et la France constituèrent les membres permanents du Conseil de sécurité disposant d’un droit de veto dont nous mesurons les conséquences.
Comble d’ironie, à la présidence tournante de l’édifice onusien trône aujourd’hui et jusqu’à fin avril un certain Sergueï Labrov, ministre des Affaires étrangères de… la Russie. « Une gifle au visage de la communauté internationale», a déploré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba. « Elle livre une guerre coloniale, son président est un criminel de guerre recherché par la Cour pénale internationale pour enlèvement d’enfants». C’est vrai, cette pantalonnade a de quoi questionner en écho des bombes et des massacres perpétrés sur le sol ukrainien. Le règlement, c’est le règlement. Staline, Mao, Saddam Hussein ont tenu tribune et la Russie entend bien, elle aussi, profiter de cette vitrine blindée pour lancer en toute impunité quelques salves de propagande et de désinformation. Comme chacun des membres, elle peut engager des débats et ne s’en privera pas puisqu’elle a déjà programmé des échanges sur la situation géo politique du Moyen-Orient et une réunion « informelle » sur le sort des enfants déplacés du théâtre des affrontements.
Rien ne semble devoir museler le cynisme de cet état tyran dont on n’a pas su ou voulu briser les ardeurs en 2014, lors de son annexion de la péninsule de Crimée. Le laxisme des instances internationales explique en partie l’appétit féroce d’un Poutine impuni, encouragé à poursuivre ses rêves d’expansion. L’Ukraine paye le prix fort de cet errement coupable sur lequel les Occidentaux, dans une pudeur affectée, avaient baissé les yeux. En premier lieu, les Américains entachés par l’épisode sans gloire de la guerre d’IraK déclenchée sous les prétextes spécieux par le président Bush.

Entre enclume et marteau

Pour le moment, la dictature démocratique populaire de Chine, elle, attend patiemment son heure pour cueillir le soleil d’argent de la perle taïwanaise. Sous le regard impassible de Xi Jinping, Emmanuel Macron et la Présidente de l’Union Européenne, Ursula Von der Leyen, vont plaider la cause de l’Ukraine, celle de la Paix, et brûler les dernières cartouches d’une diplomatie contrainte dans la camisole des forts.
Entre l’enclume et le marteau, notre continent cherche une place, un chemin de traverse envahi par les ronces du temps passé à explorer. Dans sa grande magnanimité, le numéro un chinois consentira peut-être quelques dérobades dans sa romance amoureuse avec le Kremlin, afin que l’horrible conflit cesse, au plus vite. Le plus tôt possible, en effet, tant il serait redoutable qu’un événement majeur vienne encore contrarier les espoirs de paix.
En 2024, de nouvelles élections porteront un nouveau président à la tête des Etats-Unis. Trump est encore dans la course, soutenu par un noyau dur d’irréductibles Républicains et attendu par son alter ego de connivence, Vladimir Poutine. L’extravagant milliardaire a la peau tannée et ce ne sont pas quelque 34 chefs d’inculpations qui vont freiner son ardeur, ses admirateurs et son optimisme. Alvin Bragg, le procureur de New York, a ouvert une faille, un coin dans lequel la justice américaine pourrait s’engouffrer pour reparler notamment d’insurrection et de complot à l’encontre de l’état américain. Un tabou de nature à faire vaciller le « héros »

Georges Chabrier

Commentaires 1

  1. Jean says:

    Peut-être l’illustration de cette reflexion sérieuse n’est-elle pas adaptée?
    L’heure n’est pas à la pantalonnade …!

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