Saumurois. Il traverse l’Europe en suivant le méridien de Greenwich !

Traverser l’Europe en suivant le méridien de Greenwich (longitude au degré 0), c’est le défi que s’est lancé le Tourangeau François Remondeau. Cet enseignant retraité n’en est pas à sa première aventure. Grand amateur de course et de marche dans divers paysages, notamment la montagne, il avait déjà fait le tour de l’Indre-et-Loire il y a 5 ans en suivant le plus possible les frontières administratives. Initialement prévue en 2019, cette traversée de l’Europe par le méridien de Greenwich a été reportée de deux ans en raison du covid et de l’impossibilité de se rendre à l’étranger. Il s’est donc lancé depuis l’Angleterre au début du mois d’avril, à Sand le Mere, point le plus haut de l’Europe sur cette ligne immatérielle. « L’idée de suivre des lignes comme je le fais vise à se faire rejoindre des points, des communes, et passait de l’abstrait à un lien concret, tracé et physique. C’est important pour moi, notamment dans une époque où de nombreuses communes subissent la désertification », explique François Remondeau. Pour suivre ce parcours, il s’aide d’un tracé GPS et s’astreint à rester sur le degré 0, lui laissant donc seulement quelques kilomètres de marge pour s’éloigner de sa voie initiale. Du côté britannique, il a également pu compter sur un couple d’Anglais qui avait déjà ouvert ce tracé il y a quelques années. Il a mis environ un mois à traverser l’Angleterre pour arriver au point le plus au sud du méridien outre-Manche : Peacehaven.

Une traversée de la Manche unique

De là, deux options s’offraient à lui. Soit prendre le ferry et donc s’éloigner de sa ligne directrice, de son « cap » comme il dit, soit trouver quelqu’un pour lui faire traverser la Manche. « Il s’agit d’une traversée très compliquée, car la mer y est très agitée », précise-t-il. Il parvient finalement à entrer en contact avec le Yacht Club de Dives-sur-Mer. « J’ai échangé avec le président du club qui a été très emballé par le projet et qui a été très séduit par l’idée de traverser la Manche en suivant le méridien. Durant une semaine, ils ont travaillé pour me mettre en état un bateau, un équipage, du matériel et trouver un skipper chevronné habitué des grandes traversées. C’était super de pouvoir faire le lien entre ce couple d’Anglais qui avait tracé la voie en Angleterre et ces voileux qui l’ont poursuivi sur la mer. » François arrive ensuite en France le 4 mai dernier, à Villers-sur-Mer, non loin de Deauville. Il entame donc son troisième objectif. Après la traversée de l’Angleterre, la traversée de la Manche, la traversée de la France.

À travers le Saumurois

Ce mardi 17 mai 2022, il est arrivé en Saumurois et a passé la nuit au camping de la Brèche à Villebernier. Ce mercredi matin, un ami lui a proposé de traverser la Loire entre Villebernier et Souzay-Champigny en canoë pour rester le plus possible le long du méridien et s’en éloigner le moins possible : « Même si le pont de Saumur me faisait rester dans les règles que je me suis fixées », précise-t-il. Les campings de haut standing ne sont pas toujours, voire rarement, ses lieux de villégiature pour la nuit. « Je marche chaque jour et vers 17h, je regarde où je suis et je regarde où je peux crécher pour la nuit. Cela peut-être dans un camping, mais il n’y en pas beaucoup sur la route, en bivouac en pleine nature ou chez l’habitant. Pour le moment je n’ai aucun refus lorsque j’ai demandé à planter ma tente dans un terrain ou autre. Généralement, je discute avec les propriétaires, je parle de ma démarche et ils sont très bienveillants. La plupart du temps, même si je les interpelle uniquement pour me donner de l’eau, il me donne un petit quelque chose en plus, ou m’invite à déjeuner avec eux. C’est l’occasion de faire de magnifiques rencontres et depuis, je ne dis plus jamais non à une proposition. Cela ouvre à des expériences formidables. » Car François voyage léger avec seulement un sac à dos, de 15kg tout de même. « À mon départ, il faisait 19kg, mais au fil de l’aventure je l’allège. J’ai avec moi une petite tente, un matelas gonflable, un duvet ultraléger, un nécessaire de premiers secours, une tenue de rechange, 2L d’eau, de la nourriture lyophilisée en cas de besoin et le reste, je le trouve sur la route. Je n’ai jamais été à court d’eau, mais cela est arrivé que je manque de nourriture. »

Direction les Pyrénées, puis l’Espagne

Ce mercredi 18 mai, François Remondeau poursuivait sa route vers Fontevraud puis Morton avant de rejoindre progressivement le sud de la France. « Le méridien passe pile au cirque de Gavarnie dans les Pyrénées. Ensuite, le chemin se poursuit en Espagne jusqu’au golfe de Valence. Toutefois, je ne suis pas certain de faire la partie espagnole dans la foulée, puisque je devrais y arriver en juillet. Le parcours traverse de grandes étendues arides et quasiment désertiques où les températures peuvent aisément dépasser les 40 degrés. C’est un défi tout autre. Je le ferai peut-être à l’automne, je verrais un peu au dernier moment. De même pour la traversée africaine. Cela sera une aventure pour un autre que moi étant donné la traversée du Sahara et de zones où des conflits armés sont à l’œuvre. » Pour la traversée de la France, personne n’a jamais effectué ce tracé en suivant de méridien de Greenwich, il ouvre donc la voie. Il doit suivre le GPS à une échelle très réduite en regardant devant lui où il peut passer. Une avancée qui peut donc s’avérer parfois laborieuse et éprouvante, surtout lorsque l’on est confronté au contournement du camp militaire de Fontevraud en plein exercice de tir comme ce fut le cas ce mercredi. Au total, ce périple représente plus de 1 700 kilomètres à vol d’oiseau. Mais à pied, le chemin est un peu plus sinueux. La route est encore longue.

Infos pratiques : Vous pouvez suivre le périple de François Remondeau via son blog http://escapadez-vous.blogspot.com/