Edito du Kiosque : De quoi monter sur ses grands chevaux !

Selon notre emblématique Larousse, le trottoir est la « partie latérale d'une rue, surélevée par rapport à la chaussée et réservée à la circulation des piétons ». En principe donc, pas de vélos, pas de trottinettes et, même si nous les aimons, pas de chevaux !

Les pigeons de nos villes ont mauvaise réputation du fait de leur propension à fienter, sans rémission, sur l’ardoise des maisons, les bronzes de la nation, voire même la toison des piétons. Mais il est vain de vouloir éduquer ce colombin urbain qui ne comprendrait que ses pères nourriciers lui donnent la leçon. A raison, en effet, il y a tant d’occasions de penser qu’il n’a pas l’apanage du geste déplacé et qu’ensemble, ils partagent l’outrage à la propreté. Le citadin pressé, comme l’oiseau ramier, en un lieu bien précis ne sait se détourner pour poser les déchets de tous ses appétits. Ainsi, nos champs de liberté sont grassement jonchés de toutes sortes d’engrais, de canettes fertiles, de cartons à gratter, de mouchoirs en papiers, de mégots prémâchés et de sacs en plastique prestement recyclés. Que ce soit en l’air ou sur terre, à tire d’ailes ou sur deux jambes, les contrevenants à la salubrité ont été mal instruits ignorant tout de la gravité, de la pomme de Newton qui a chu sur le sol plutôt que de s’envoler. Il est ainsi normal que nos trottoirs se muent en dépotoirs sur lesquels à coeur joie leurs amis canins, courbés à quatre pattes, se soulagent d’excréments savonneux et glissants. Ainsi va la vie dans nos artères citadines parsemées du surplus non affecté aux poubelles de surface et au conteneurs enterrés, ignorés ou repus pour tout avaler. Les réceptacles débordent des témoignages de nos comportements livrés au vu et au su de tout un chacun, des résidents et des touristes contraints parfois de marcher sur la rue. Et pour parfaire le tableau réaliste de ce récit romantique, il est indécent mais nécessaire d’ajouter quelques tâches d’esthétisme. Nées d’un courant nouveau, un peu cavalier, puisqu’il s’agit ni plus ni moins de monumentaux amas de crottins d’équidés !

Troticrottes

Et oui, il ne manquait plus que ça dans notre belle ville parcourue depuis peu par d’élégantes amazones campées sur d’impressionnantes montures. Elles déambulent sur le trottoir où s’épand le fumier des bourrins altiers et guillerets de faire boutique et susciter l’intérêt, éphémère, de badauds ébahis. Oh ! Regarde comme il est beau cet alezan discipliné, il a si fière allure quand il passe au plus près de ta porte d’entrée, quand, sans effort particulier, tu peux le toucher de ta fenêtre entrebâillée. Mais n’est-ce pas dangereux, tout de même, pour ton enfant ou ta maman âgée tentée par un bol d’air inopiné. Pas plus, me dires-vous, que les vélos égarés sur le tarmac des promeneurs ou, pire encore, ces trottinettes débridées chevauchées par d’insouciants jockeys. A Paris, des brigades de motocrottes assurent au quotidien la propreté urbaine et les engins de déplacement personnel motorisés sont interdits sur les trottoirs. Nous ne disposons pas, chez nous, d’équipements dédiés aussi sophistiqués, mais nous avons nos « chevauxcrottes » et pourquoi pas, bientôt, innover en proposant, en libre service, des “trotticrottes”. C’est une idée comme une autre pour protéger les fragiles piétons. Même si, parfois, il vaut mieux marcher dans la fange qu’au milieu de l’indifférence.

Georges Chabrier

Commentaires 11

  1. Notre belle ville says:

    Comme toutes les villes, elles sont plus belles à regarder en cartes postales qu’en réalité.

  2. Bidule says:

    Lamentable. C’est la même chose devant chez nous…alors on nettoie, car la cariole ne ramasse pas.

  3. Cebenvrai says:

    Pourquoi critiquer puisque ces indignes agissements se font sous la houlette et avec la bénédiction du maire-president qui ne sait faire autre chose que se faire remarquer en procurant que pain et jeux à ses électeurs.

  4. Mamyronchonchon says:

    Je suis étonnée qu’il ne soit pas obligatoir pour ces cavalières ou pour le propriétaire de la calèche de nettoyer ce que leurs chevaux abandonnent sur la chaussée ou les « crottoirs »de notre ville. Certes, Saumur est la ville du cheval, certes le crottin c’est naturel, mais un trottoir propre c’est la vitrine d’une ville.
    N ‘y-a-t il pas un ou 2 jolis baudets qui actuellement tournent en ville accompagnés de 2 personnes? On pourrait peut-être leur rajouter un sac à crottin ?

  5. CABARET says:

    Voilà le résultat de la « POLITIQUE EQUESTRE DE LA VILLE » voulue par Monseigneur Maire-Président (voir article du 16/07/2023)….. Il a simplement oublié le service entretien qui devrait suivre.

  6. Les 2 pieds dans la M...de says:

    Vous avez rien compris…… c’est pour les illétrés……!!! Ils comprennent que ce gouvernement nous fous dans la MERDE……..

  7. Oscar says:

    Avez-vous tenté de faire une quelconque remarque à ces cavaliers (ou cavalières) ? Jamais…J’ai osé et n’ai reçu que des « et alors ?  » en signe de réponse. Le maire avait annoncé des amendes contre les propriétaires « canins » …Résultat ? Pas convainquant. Saumur : capitale du cheval ? Ce n’est pas le tout de l’affirmer. Allez un mot d’envouragement pour la suite M…

  8. "Le maire avait annoncé" says:

    Ben oui
    il avait dit que…
    il avait promis que…
    il avait annoncé que…
    Seuls sont déçu les imbéciles qui se sont laissés berner par son plumage…..

  9. Boyere says:

    Pour les chiens nous devons ramasser c’est normal
    Je pensais que pour les chevaux il y avait un système qui permettait que ça ne tombe pas sur la rue

  10. DORIS says:

    Enfin…Il est possible d’évoquer le sujet, sans passer pour un(e) extraterrestre.
    : à SAUMUR,il s’agit là d’une bénédiction même pas susceptible de transmettre le tétanos…
    Certaines communes respectueuses ont adopté l’utilisation du sac au derrière du cheval…
    A quand, à saumur?

  11. Auneau says:

    Bravo Monsieur Chabrier pour ce texte sublime.

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