La Petite Librairie du Kiosque. « Provinciale » de la trélazéenne Catherine Caillé-Coutant

Le kiosque a décidé de lancer, tous les mercredis, une chronique littéraire. Outre la part belle qui sera faite aux auteurs locaux, également des essais, romans et autres opus qui ont retenu l'attention de notre équipe de rédaction. Cette semaine "Provinciale" de la trélazéenne Catherine Caillé-Coutant

Provinciale, est un récit qui nous immerge dans la vie locale d’une petite ville de l’Anjou (le Crusois) au début des années 2000. La vie provinciale est illustrée par des personnages représentatifs de la société française : ouvriers, magasiniers, employées dans le « care », petits fonctionnaires, enseignants, universitaires, élus municipaux… Pour l’autrice, c’est l’occasion de mettre en scène ce qu’est la culture locale en province : les mœurs, les pratiques – traditionnelles, comme la boule de fort, la musique bretonne, les jeux de cartes ou encore les lotos, l’offre institutionnelle dans les Centres sociaux, le cinéma, le théâtre et la musique dans les salles subventionnées ou les spectacles proposés par les nombreuses troupes professionnelles et amateurs mais aussi la communication médiatique.
Provinciale n’oublie pas que Fortrouz est une ville de tradition anarchiste : syndicalisme et politique y sont des thèmes importants. Les grands débats sous-jacents émergent : celui de l’identité, des particularismes, de l’intégration, de la transmission, de la culture populaire face à la Culture. On y voit les petits et grands événements français ou mondiaux : le terrorisme, les mouvements sociaux, la politique sécuritaire.
Fiction ou travail de sociologue : les personnages sont inventés et s’ils empruntent quelques traits au monde réel, ils restent des êtres imaginés. Il a semblé important à l’autrice de donner une dimension nationale à l’aventure de gens modestes. Aussi, on trouvera dans Provinciale des scènes situées à Paris et dans autres villes du territoire mais aussi, de nombreuses évocations de la vie en province au-delà de Fortrouz.

A propos de l’auteure
Née en 1938 à Paris, Catherine Caillé-Coutant devient professeure de lettres classiques après des études à la Sorbonne. Elle enseigne en lycées et collèges successivement en Bretagne, en Normandie et dans le Maine et Loire. Son intérêt pour la pédagogie lui vaut l’obtention du titre de docteure de l’université grâce à une thèse en Sciences de l’éducation. Elle prend sa retraite en 1993. Éprise de l’écriture depuis l’enfance, elle poursuit ses travaux tout en maintenant ses engagements de toujours : syndicaux, associatifs et politiques. Actuellement elle anime un atelier d’écriture dans une maison de quartier d’Angers.

Extrait
Françoise Cachin ressassait. C’est quoi, cette organisation des Musées? Comment s’y reconnaître : musées nationaux, musées locaux et toutes ces grandes villes qui veulent rester autonomes et mener tranquillement leur politique culturelle ! Et les musées associatifs pour lesquels on me communique des rapports dont je n’ai rien à faire ! Et s’il n’y avait pas de grands enjeux, je m’en ficherais. Mais qu’est-ce qui se joue là ? Les problèmes communautaires, l’unité de la République, la résurgence d’une droite Vichyssoise !
Quel bazar ! Regardez la Provence avec sa trentaine de musées. Et c’est à Cagnes et c’est à Antibes et c’est à Nice, Marseille et dans les plus petits villages, on veut sa collection, on veut ses souvenirs, son prestige. Regardez ça : la commune de Valdeblore, dans les Alpes et son musée des terroirs. Comme s’il n’y avait pas assez de lieux où on expose des machines agricoles, de l’outillage !
Mais il y a pis : ce challenge entre les villages pour détenir le titre du « plus petit musée de France » Quelle gloire pour la Lozère son four à pain d’à peine douze mètres carrés transformé en salle d’exposition pour l’histoire du Gévaudan ! Et le mini-musée Pamadou qui croit initier les enfançons en exposant Botticelli, Léonard de Vinci et nos impressionnistes !
Quel salmigondis ! Je ne vous parle pas de Bézencourt dans la Somme.
Fortrouz, petite commune minière, accueillante aux émigrés de l’intérieur – Bretons, gens de l’Est –, et aux étrangers – Polonais, Espagnols, Portugais, Maghrébins, Turcs – amorce des changements profonds à l’aube du troisième millénaire. Des habitants, associés dans Mémoire de la Ville, collectent des objets évocateurs de leur passé, en vue de créer un musée. Réussiront-ils à convaincre la municipalité de soutenir leur projet et particulièrement le maire, personnalité inquiétante régnant sur un Conseil aux ordres ?

Infos pratiques : Vérone éditions – Format : 15 x 21 cm – 416 pages – Prix de vente public : 26 € – www.editions-verone.com

Commentaires 2

  1. Merci says:

    Belle idée que de signaler aux lecteurs du Kiosque des lectures qu’il serait dommage de rater. Il serait intéressant de savoir si les livres cités sont également disponibles en numérique (e-books). En tous cas,, le Kiosque ne cesse de s’améliorer : merci.

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