La tribune politique du Kiosque #6 (août 2023) : Elections sénatoriales 2023

Parce qu'il est important pour Le Kiosque, webzine indépendant du Grand Saumurois, que vive le débat et que les citoyens identifient les personnes publiques du territoire, il lance sa nouvelle rubrique mensuelle "La tribune politique du Kiosque". Elle sera éditée chaque 1er mardi du mois. La rédaction pose 1 question sur l'actualité nationale ou locale aux représentants des partis (1). Libres à eux d'y répondre ou non, dans un espace dédié équitable (maximum 300 mots ou 2 000 signes au total). Ce mois-ci la question porte sur les élections sénatoriales 2023.

Question : Les élection sénatoriales auront lieu le dimanche 24 septembre. Les français sont bien loin de s’intéresser à ce scrutin indirect (qui ne fait appel qu’aux grands électeurs, à savoir élus des différentes strates, locales, départementales et régionales) et du rôle précis du Sénat. Pensez-vous qu’une évolution de ce mode de scrutin pourrait sensibiliser les français ?

Emmanuelle Doaré, Représentante pour le Saumurois de VIA la Voie du Peuple

« Je pense que le désintérêt des Français pour les élections sénatoriales tient moins au mode de scrutin qu’à l’incompréhension qu’ils éprouvent quant à son utilité. Le Sénat est hélas considéré par beaucoup d’entre eux comme un frein aux décisions de l’Assemblée nationale. Ils le voient comme un organisme superflu ralentissant l’action des députés, lesquels seraient les seuls aptes à représenter la voix du peuple. Il faut pourtant avoir en tête que si l’Assemblée nationale est un organe qui a été conçu pour imaginer l’avenir, pour « pousser les murs », la deuxième chambre a, elle, été conçue pour calmer les ardeurs de la première, amender la loi, voire améliorer la qualité de sa rédaction. C’est d’ailleurs la façon de fonctionner de la plupart des régimes qui comportent deux chambres.
Afin de redonner une importance au Sénat aux yeux des Français, VIA | la voie du peuple préconise de lui attribuer une nouvelle charge, celle de représenter les familles, les associations, les entreprises et les territoires, en bref, tous les corps intermédiaires, afin que ces derniers soient plus justement et équitablement pris en compte et respectés. Cette attribution ne pourra se faire que par une fusion du Sénat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui a été confiné ces dernières années à un rôle de chambre d’étude et qui n’a hélas plus aucune ambition de peser sur la politique du pays. Il importera que toutes les dispositions législatives concernant les corps intermédiaires soient adoptées dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat refondé sur de nouvelles bases. Ce « nouveau Sénat » ne sera ainsi plus seulement un représentant des territoires, mais aussi la voix des corps intermédiaires, ces structures indispensables entre l’individu et l’État qui ont été particulièrement mises à mal depuis qu’Emmanuel Macron gouverne ce pays. Le Sénat pourrait ainsi jouer le rôle essentiel de renforcer le dialogue entre l’Etat et les Français, dialogue qui est une condition sine qua non au redressement de notre pays. »

Stéphane Piednoir, Sénateur de Maine-et-Loire, représentant des Républicains

« Une chose est sûre : à moins de deux mois du scrutin, les élections sénatoriales de septembre prochain ne font aucunement partie de l’actualité médiatique du moment, et encore moins des discussions familiales. La raison de ce détachement populaire est assez évidente : le mode de scrutin, indirect, qui ne concerne que les grands électeurs (parlementaires, conseillers régionaux, départementaux et municipaux), au nombre de 1959 dans le Maine-et-Loire. Pourtant, les Français prennent toute leur part dans cet exercice démocratique en confiant cette responsabilité aux élus locaux pour lesquels ils votent
On entend régulièrement des critiques sur ce mode d’élection et des velléités de passer au suffrage universel direct, comme par exemple pour les élections législatives. C’est non seulement une profonde erreur d’analyse de notre Constitution et un grave danger pour l’équilibre des pouvoirs. En effet, l’article 24 de la Constitution de la Vème République dispose que « le Sénat assure la représentation des collectivités territoriales ». Dès lors, qui de mieux placés que les élus de ces territoires (communes, départements, régions) pour choisir leurs représentants ?
De plus, l’équilibre subtil de notre République s’appuie sur ce bicamérisme dont Victor Hugo lui-même, sénateur de Paris de 1876 à 1885, avait fort bien formulé la nécessité : « La France gouvernée par une assemblée unique, c’est l’océan gouvernée par l’ouragan ». S’il s’agissait de constituer de la même manière les deux assemblées qui composent notre Parlement, nous perdrions cet effet stabilisateur reconnu au Sénat, tellement utile en ces temps de tumulte politique. Surtout, cette duplication rendrait de facto l’une des deux assemblées totalement inutile et légitimerait sa suppression. Certains y ont songé en 2017 … avant de se rendre compte à quel point le Sénat pouvait être d’une très grande utilité dans le processus législatif ! »

LFI – La REV

« Le 24 septembre 2023, les élections sénatoriales – organisées tous les 3 ans dans un tiers des départements français – reviennent dans le Maine-et-Loire. Qui vote ? Les 2 000 « grands électeurs » que sont les députés, les maires, les conseillers régionaux, les conseillers départementaux, certains conseillers municipaux. Ces élus choisis par vous, chers électeurs, désigneront à leur tour leurs « élites« , très majoritairement de droite dans notre département. C’est peu dire que les Sénateurs souffrent d’un manque de représentativité de la société française : les 348 sénateurs affichent un âge moyen de 60 ans, un seul jeune de moins de 30 ans, seulement un tiers de femmes, aucun ouvrier ! (*) Le Sénat donne un avis consultatif sur les lois votées en 1ère instance par l’Assemblée nationale et propose ses propres lois, en toute indépendance de l’Assemblée nationale.
Comme nous l’avons bien vu lors du mouvement contre la réforme des retraites, le Sénat ne joue plus depuis longtemps que le rôle d’un bureau d’enregistrement des projets de lois gouvernementaux. Sous couvert d’apparence démocratique, le mode de scrutin des grands électeurs affaiblit le pouvoir de l’Assemblée nationale et augmente celui du gouvernement, déjà « souverain«  avec le désormais célèbre « 49.3 ».
Seule la 6ème République (prônée par LFI) peut abolir cette monarchie présidentielle en ouvrant la voie à la Constituante pour une nouvelle constitution.  Elle vise à rendre au peuple son pouvoir de décision par des référendums ou des propositions de lois issues de conventions citoyennes. Elle accorderait le droit de vote à 16 ans et comptabiliserait les votes blancs. Pourquoi ces élections intéresseraient-elles les citoyens ? Parce que toute occasion, même minime, d’exprimer le rejet du Président Macron et du gouvernement à sa botte est une occasion à saisir pour l’immense majorité des citoyens. Pour défendre la démocratie, chers électeurs, incitez vos élus à soutenir la liste « Faire vivre l’Union Populaire jusqu’au Sénat ! ». »

(*) Source : Public Sénat du 28/09/2020

Charles Babinet responsable Reconquête ! de la 4ème circonscription du Maine-et-Loire

« Mode de scrutin méconnu, mais importance du Sénat reconnue par les Français face aux abus constatés sous la présidence Macron ! Depuis 2017, les dernières commissions et rapports du Sénat s’accumulent pour démontrer et démonter les passages en force, les affaires politiques, financières, voire crapuleuses du pouvoir Macronien en place. Ce mode de scrutin permet une sécurisation de ce contre-pouvoir sur un temps long, à ne changer qu’à la marge notamment pour une meilleure représentation des différentes opinions politiques des Français, car c’est actuellement trop lent : la raréfaction des élus UMP et du centre dans les élections municipales, départementales et régionales, remplacés en partie par des élus issus de la droite conservatrice et souverainiste ne sera effective que très progressivement.
En plus d’une meilleure représentation des Français, de meilleurs sénateurs seraient gage d’un meilleur travail. Las ! En Maine-et-Loire, nous sommes très mal représentés avec de bien mauvais sénateurs décriés même en interne et dont certains se représentent à nouveau… Elu délégué municipal par le Conseil municipal de Saumur (c’est-à-dire « grand électeur ») et bien que toutes les listes ne soient pas encore constituées, le choix que je vais devoir effectuer va certainement être cornélien. D’ici là et la date du 24 septembre, sachez que chaque Français peut intervenir pour cette élection : en interpellant ses élus afin qu’ils votent pour la liste la plus proche de ses idées. Et chaque voix de « grand électeur » compte, car avec un collège électoral dans le Maine-et-Loire d’environ 2 000 personnes, il a suffi de 260 voix en 2017 pour que le dernier sénateur (en voix) soit élu. Il faut donc s’intéresser à toutes les élections ! »

Les tribunes précédentes :
– La tribune politique du Kiosque #1 (mars 2023) : Réforme des retraites – Lire ou relire
– La tribune politique du Kiosque #2 (avril 2023) : L’éclairage nocturne à Saumur – Lire ou relire
– La tribune politique du Kiosque #3 (mai 2023) : Réforme des retraites : Quels leviers pour désamorcer la colère ? – Lire ou relire
– La tribune politique du Kiosque #4 (juin 2023) : Le projet de loi immigration – Lire ou relire
– La tribune politique du Kiosque #5 (juillet 2023) : Installation de 2 nouveaux EPR à la Centrale de Chinon – Lire ou relire

La méthode : Le Kiosque a interrogé chaque parti ou mouvement pour connaître leurs représentants locaux. Ils sont soit saumurois soit angevins. Certains partis/mouvements n’ont pas souhaité s’intégrer à notre démarche ou nous sommes sans retour des instances départementales ou nationales. Ces derniers pourront, s’ils le souhaitent rejoindre les prochaines tribunes.

Les partis/mouvements ayant accepté de participer, tant que faire ce peut : Ref. les représentants nationaux
POI (Parti Ouvrier Indépendant) – Secrétaires nationaux : Gérard Schivardi, Daniel Gluckstein, Claude Jenet et Jean Markun
LFI (La France Insoumise) – Secrétaire général : Jean-Luc Mélanchon
PCF (Parti Communiste Français) – Secrétaire général : Fabien Roussel
EELV (Europe Ecologie Les Verts) – Secrétaire général : Marine Tondelier
PS (Parti Socialiste) – Secrétaire général : Olivier Faure
Renaissance – Secrétaire général : Stéphane Séjourné (parti présidentiel)
LR (Les Républicains) – Président : Éric Ciotti
VIA (la Voix du Peuple) – Président : Jean-Frédéric Poisson
Reconquête – Fondateur : Eric Zemmour
RN (Rassemblement National) – Président : Jordan Bardella

Les partis/mouvements ayant refusé ou sans réponse
PRG (Parti Radical de Gauche) – Président : Guillaume Lacroix
MoDem (Mouvement Démocrate) – Président : François Bayrou
PRV (Parti Radical Valoisien) – Président : Laurent Hénart
UDI (Union des Démocrates Indépendants) – Président : Hervé Marseille
DLF (Debout la France) – Président : Nicolas Dupont-Aignan

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