L’édito du Kiosque. Jackpot

On le croyait marginalisé, banni, proscrit, exilé par l’entrave posée sur ses déplacements tactiques.  Encloché par la menace d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, pour crime de guerre inhérent à la déportation d’enfants ukrainiens, le voilà pourtant qui resurgit du diable vauvert, dans une tournée princière en terres obscures. Les coquins se ressemblent et se sont assemblés pour pavoiser sans vergogne au nez et à la barbe d’un Occident médusé par l’outrecuidance de ceux qui prennent indiciblement la main sur les affaires du monde. Reçu comme un tsar par Mohammed ben Zayed (Emirats arabes unis) et Mohammed ben Salman (Arabie saoudite), Vladimir Poutine, en médiateur attentionné du conflit Israélo-palestinien, a surtout fait son marché, rassuré de compter sans détour sur l’indéfectible amitié de ceux qui cimentent les tunnels d’approvisionnement de son doux pays frappé par des sanctions économiques « injustes ». Et, pour couronner son come-back jubilatoire, le nostalgique de la grande Russie a convié le sémillant fournisseur de drones meurtrier shahed-136, l’Iranien Ebrahim Raïssi, tuteur du Hezbollah et parrain du Hamas. Quelle belle photo de famille ! Manqueraient toutefois à l’appel le Coréen Kim Jong-un  et le Chinois Xi Jinping pour agrémenter une partie de cerfs-volants sur l’avenue de la Paix, à Moscou. Et, pourquoi pas y ajouter encore, puisque la pandémie autoritaire sévit, Javier Milei, le fou argentin et le très démocrate Nicolás Maduro qui, par référendum, a demandé aux Vénézuéliens s’ils voulaient envahir leurs voisins du Guyana pour les dépouiller de leurs richesses, or, fer, bauxite, diamant et surtout de gigantesques réserves de pétrole et de gaz surpassant les capacités des puissances du Golfe. Poutine est aux anges, la Terre est en feu, sans foi ni loi la raison des plus riches et des belliqueux semble s’inscrire durablement comme la meilleure.

Sobriété

Et, pendant ce temps-là, l’Europe compte les points, affaiblie par les intérêts commerciaux partisans du marché qui l’administre au détriment de toute ambition politique. Et, pendant ce temps-là, la planète poursuit son inexorable érosion mais, pendant ce temps-là, quelques belles apparitions cathodiques ont fort heureusement réchauffé nos cœurs meurtris. Dès potron-minet, ce lundi 4 décembre, notre maire est en effet apparu sur les écrans de BFM TV. Un peu froissé par l’âpreté du réveil, il a rappelé au devoir de sobriété pour justifier la réduction du périmètre des illuminations de Noël au seul centre-ville. Un éclairage national minimaliste que n’a guère goûté Bertrand Chandouineau, opposant déclaré à sa succession. Le propos reste courtois et sportif, comme lors de leur séance de tirs au but sur le nouveau terrain synthétique du stade des Rives-du-Thouet, et les deux concurrents se sont finalement rabibochés autour de l’affaire du siècle, l’implantation de notre (futur) casino autorisée par les députés après un combat de près de trente ans. Et de revoir notre maire ce mercredi, sur TF1 cette fois, emmitouflé dans les frimas de la place de la Bilange pour saluer la prépondérance de l’argument économique sur les considérations de santé publique et d’addictions portées par les députés Insoumis. Ouf ! on va les avoir nos machines à sous et Mélenchon n’a pas tweeté pour tancer notre heureux édile. Est-ce par subordination à Gérard Larcher, président du Sénat qui l’avait prié de bien vouloir « fermer sa gueule ». Pas sûr, bien sûr, mais tant d’autres apprécieraient sûrement que souvent il s’abstienne.

Georges Chabrier