Longué-Jumelles. Frédéric Mortier entendu devant la justice ce mercredi, délibéré le 15 décembre

« Comment une simple plaisanterie à l’encontre d’un élève musulman, qu’il invitait sur le ton de la blague à devenir chrétien, a-t-elle pu conduire un enseignant devant les tribunaux ? », voici la question posée dans le livre publié par Frédéric Mortier, maire de Longué-Jumelles et enseignant d’économie et gestion, « L’honneur d’un enseignant », publié il y a quelques en amont de son procès qui devait se tenir le 10 février 2023. Il avait déjà été convoqué devant la justice en mai 2022, mais l’affaire avait été renvoyée en raison d’un planning surchargé ce jour-là. Elle aurait donc normalement du se tenir le vendredi 10 février dernier – une audience où l’élu n’avait pas été présent pour des raisons médicales, ce qui avait été déploré par les avocats de camp adverse (relire notre article) – toutefois, l’affaire avait une fois encore été renvoyée à ce mercredi 4 octobre 2023. Le Longuéen y était entendu pour une affaire d’injures à caractère raciste commises fin 2021 devant sa classe du lycée catholique privé Joseph-Wrezinsky à Angers où il était enseignant depuis 27 ans et suspendu depuis décembre 2021. Ce procès contenait deux procédures, pour des faits liés. L’une pour des faits survenus en décembre 2021 et d’autres, similaires, auprès de deux autres victimes survenus entre septembre 2019 et février 2020. Il est donc représenté par deux avocats, Me Rouiller et Me Guillou.

Rappel des faits

Pour rappel des faits, Il était reproché à Frédéric Mortier d’avoir tenu à plusieurs reprises des propos discriminants. L’affaire a commencé avec les faits plus récents survenus en décembre 2021. L’enseignant aurait à plusieurs reprises et devant les élèves de sa classe tenu des propos discriminant en raison de « l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Il aurait notamment déclaré à un élève de confession musulmane que « La France est historiquement blanche et catholique » puis « qu’à l’époque de Vercingétorix il n’y avait que de pur blancs. Ah tu es musulman ? Je te conseille de changer de religion. » Par la suite d’autres élèves ont fait état de remarques similaires et plus anciennes. Il aurait notamment déclaré à un jeune lycée d’origine Guinéenne : « Sauf que quand vous venez, vous ne voulez plus repartir. » ou encore en imitant l’accent africain « Moi pas comprendre le Français. » Et enfin lorsque celui-ci est arrivé en retard en classe : « Ah les noirs c’est comme ça, toujours à esquiver les frontières. » D’autres exemples ont ainsi été cités et rappelés à l’audience ce 4 octobre. Le maire de Longué-Jumelles s’est à plusieurs reprises expliqué sur le sujet en estimant qu’il s’agissait d’humour et qu’il faisait volontairement réagir les élèves sur différents sujets durant ses cours pour créer le débat, ce qui a été une fois encore rappelé au cour de cette audience. Il était également poursuivi pour dénonciation calomnieuse. En effet, en ayant appris le premier dépôt de plainte de l’élève, Frédéric Mortier avait à son tour déposé plainte contre celui-ci en l’accusant de violences. Toutefois, au vu des différentes auditions, notamment des autres élèves, cela n’avait pu se vérifier. A noter que l’association SOS Racisme s’est portée partie civile pour ce procès, représentée par Maître Romain Ruiz.

Délibéré le 15 décembre

Finalement, ce mercredi 4 octobre 2023, le procureur de la République a requis 10 mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende ainsi que l’interdiction d’enseigner durant 5 ans. Aucune demande d’inéligibilité pour ses mandats n’a été formulée étant donné que ces propos n’ont pas été tenus dans un cadre politique. Le jugement a été mis en délibéré au 15 décembre prochain.

Infos pratiques : Relire nos articles sur le sujet sur ce lien.